Les collectionneurs sont des prédateurs, mais rassurez vous, ils ne se mangent qu'entre eux!

L'achat

Muensterberger explique que " le besoin fondamental de refaire le plein, pour se sentir bien, est temporairement suspendu à une trouvaille ou une acquisition nouvelle. L'euphorie provoquée par un achat heureux se dissipe obligatoirement tôt ou tard. Une fois que l'objet a été incorporé à la collection et que la sensation affective initiale, la joie, la fierté, la nouveauté se sont émoussées, le souvenir inconscient de désirs anciens refait surface, selon le processus mental du retour du refoulé. La réalité est sans cesse mise à l'épreuve, et le sujet retrouve son impatience caractéristique jusqu'à ce qu'il découvre un nouvel objet "

La qualité

La rareté, l'ancienneté et la provenance semblent être les 3 facteurs de la qualité d'une pièce. La rareté, l'importance de l'objet se rattachent davantage à une représentation narcissique La rareté des pièces augmente la valeur des objets. Aussi, les collectionneurs ne choisissent pas tous de collectionner des pièces rares. Ces derniers doivent avoir besoin de se soulager plus fréquemment. Ils choisiront alors une collection de timbres, d'ours en peluche, de cartes téléphoniques plutôt qu'une collection de météorites, de meubles Louis-Philippe. La rareté tend à augmenter la valeur d'un objet, on s'attend alors à ce que les collectionneurs recherchent des pièces difficiles à trouver. Et pourtant, c'est presque le contraire qui se produit. Il est prouvé que certains collectionneurs ont tendance à se désintéresser de certaines catégories d'objets quand l'offre diminue. Il est donc capital qu'il y ait un apport plus ou moins régulier. Cet apport doit être considérer comme un remède magique.

Conclusion

Tous les adultes, à des degrés différents, cherchent des équivalents à l'amour et à la tendresse qui leur ont manqué dans leur enfance. Ils s'auto-soignent de différentes façons : dans la religion, en se consacrant à ceux qui ont besoin de soins et de protection, dans le jeu, dans l'alcool, la drogue, la boulimie, dans une quête interminable pour trouver une cause ou un objectif à défendre, en pratiquant un sport à outrance, en se livrant à des activités dangereuses… ou en devenant collectionneur. Selon Muensterberger, " il n'existe pas de collectionneur moyen ". Tous les collectionneurs n'ont pas la même histoire et donc la même passion. Tous les collectionneurs n'ont pas la même fièvre, le même engouement … les mêmes symptômes.

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Les collectionneurs sont véritablement des acheteurs et consommateurs très particuliers Ils sont obsédés par la découverte et l'acquisition d'objets nouveaux, et ne peuvent eux-mêmes expliqués ce besoin fondamental, comparable à la faim, qui peut être assouvi mais jamais gommé. Leur comportement et la nature de leur passion sont souvent caractérisés par l'alternance de phase d'euphorie, d'allégresse et de phase de tension, de détresse, de doute, de culpabilité. Cette passion est capable d'emmener certains vers la dévastation de leur vie entière : profession, famille, obligations et responsabilités sociales …Une collection est le choix, la réunion et la conservation d'objets qui ont une valeur subjective Le collectionneur, comme le croyant, attribue un pouvoir et une valeur aux objets parce que leur présence et leur possession ont une fonction réparatrice, palliative, protectrice face à l'anxiété et l'incertitude

Pourquoi collectionne-t-on ? Quelles sont les forces qui incitent un individu à devenir collectionneur ? Selon Muensterberger, la collection, quête perpétuelle d'objets nouveaux provient " d'un souvenir sensoriel qui n'est pas immédiatement identifié de privation, de perte ou de vulnérabilité, et d'un désir consécutif de substitution, étroitement associé à la morosité et à des tendances dépressives ". L'observation des enfants nous apprend que les tous petits cherchent des solutions pour faire face à l'appréhension, la vulnérabilité, la solitude, l'anxiété. Ils prennent souvent un objet tangible : une tétine, un pouce, une peluche, un doudou … pour trouver une consolation qui ne leur est pas prodiguée.

L'enfant s'agrippe à l'objet qui devient une protection magique, une sécurité imaginaire et lui apporte un réconfort instantané face à sa peur de la solitude. Les choses, objets prennent alors une dimension importante et Muensterberger affirme que " l'affection se reporte sur des choses qui, aux yeux de celui qui les regarde, finissent par avoir une âme, ainsi que les amulettes et les fétiches dans les sociétés primitives, ou les saintes reliques pour les dévots ".

Ce phénomène qui consiste a donné une " âme " à un objet est appelé " animisme " chez les anthropologues, " attachement " chez les psychologues. Le fait de prendre, d'agripper et plus tard les tendances à l'accumulation, caractéristiques très présentes chez les collectionneurs, viennent souvent de la phase d'individuation mal vécue. L'absence, physique ou non, des parents et surtout de la mère engendre un sentiment de manque, de frustration qui restera à tout jamais et aura des conséquences graves sur la prise de conscience de soi. Dans toutes les sociétés et dans toutes les époques, le phénomène de collectionner est présent. Tout enfant doit en effet, tôt ou tard, faire face au dilemme de la substitution (de la mère) Mais dans l'idéal, c'est seulement une étape transitoire

Gwénaëlle Vandeville

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Vapeur, frein, portillon automatique, affiches incurvées, carrelage, distributeur de chocolat Menier, pèse-personne, plan de Paris avec les confettis des stations et les veines bleues des lignes. Sifflet, claquement des portières, l’affluence, les escaliers roulants, le crissement des rails qui luisent dans le tunnel avant de déboucher dans l’électricité des stations, et surtout cette odeur caractéristique de citronnelle, de thymol, de vétiver, d’aisselle, de poudre de riz; Ça sent le métro!

 


 

 

 

 

 

 

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